03 Oct La data expliqué à… – Le scoring expliqué à ma fille
Ma cadette, étudiante en province, m’alloue un déjeuner lors de ses rares retours qu’elle doit partager avec sa mère, son copain, ses nombreux potes, et son chat.
Entre deux bouchées de ce-qu’elle-veut-que-je-lui-cuisine elle me relate ses faits d‘armes poitevins qui débutent régulièrement par « je venais de découvrir un endroit très sympa où le Mojito Royal est à 7 euros » … Elle est jeune et les soirées mémorables des Z n’ont jamais commencé par « Je venais de descendre deux bouteilles d’eau minérale », comme celles des générations précédentes d’ailleurs.
« C’est là que j’ai rencontré Ernest qui trainait sa béquille sur le pavé » me dit-elle
Je lui réponds : « C’est vrai qu’à l’âge qu’il doit avoir, le Ernest, on l’imagine bien avec cet ustensile »
« Pourquoi tu dis ça ? c’est un 2003 ! »
« Ah ? Je croyais qu’il avait les 80 bien tassés »
« Parce qu’il a ce blaze ? »
« Oui… c’est comme Mireille, c’est assez daté comme prénom, on doit plus souvent leur proposer des abonnements à CHARENTAISES MAGAZINE qu’à SWAG DE OUF MAG aux Mireille »
« Mireille, je ne dis pas, mais on leur propose quoi aux Alfred ou aux Emile, parce que j’en connais qui viennent juste d’avoir le BAC »
« Il faudrait demander ça aux data scientists »
« Aux quoi ? »
« Aux spécialistes des data… ceux qui les font parler… qui font du profilage marketing »
« Et ça sert à quoi ? »
« Ça sert à réduire le taux d’erreur »
« Pige pas »
« Imagine que tu vends des tondeuses… Qui sont tes clients potentiels »
« Ben les gens qui ont un jardin ! C’est débile comme question ! »
« Exactement, donc si tu trouves un fichier de prospection avec des Jean-Michel ou des Gérard – parce que ce sont des prénoms de bonhommes qui ont l’âge d’être retraités, donc qui ont du temps pour tondre (et tondre, c’est un truc de mecs, c’est bien connu) – et que tu les cibles dans une zone géographique urbaine mais pavillonnaire, tu as plus de chance d’en vendre qu’à des Martine qui vivent à Paris, tu comprends ? “
« C’est limite sexiste ton exemple, papa ! Parce que si ta tondeuse c’est un robot autonome connecté qui peut se piloter à distance via WIFI, ton Gérard il va tomber direct en PLS »
« D’où l’importance du scoring prénom… dans ce cas précis, il faudra garder la même zone géographique mais taper dans le Julien, Nicolas, Anthony, mais aussi dans la Laura, Julie, Aurélie… bref des gens qui ont entre 30 et 40 ans sans doute des gosses qui les occupent et autre chose à faire quand ils rentrent du travail que de tondre leur pelouse… »
« C’est pas bête… et les Pierre, c’est ciblé par qui ? »
« Par les brunes aux yeux verts du Morbihan… je suis une cible de niche …»
« Mytho, va ! »